Dans un article précédent[1], je m’interrogeais sur la notion d’autonomie en entreprise. Et j’en arrivais à une conclusion plutôt contre-intuitive : l’autonomie est une relation. L’autonomie se pense dans une relation forte, d’un autre niveau que celui du contrôle. Elle s’inscrit dans le modèle relationnel entre le manager et son collaborateur.

Lorsque l’on convoque l’idée de l’autonomie, manager et collaborateur sont pourtant unis dans une même crainte. Pour le manager, il s’agira de la crainte d’une perte du contrôle. Pour le collaborateur, la question est plutôt dans les limites à ne pas franchir. Pour paraphraser une maxime célèbre, l’autonomie s’arrêterait où commence celle des autres… et l’on voit bien que l’exercice de l’autonomie s’apparente à quelque chose qui relève d’une liberté.

C’est chez le grand Emmanuel Kant que l’on trouve quelques clés de compréhension. Où l’a notion d’autonomie rejoint la notion fondamentale de liberté, mais aussi d’intention. L’exercice d’une faculté d’autonomie dépend de la capacité de tout un chacun de se donner ses propres lois, dans une forme de liberté morale. Où la morale ne se conçoit pas comme la soumission aux normes, mais bien une morale de l’acte « juste ». L’autonomie s’oppose à l’hétéronomie, une soumission aux lois et aux normes extérieures.

Comment associer l’exercice de l’autonomie dans une liberté qui ne contrarie pas celle des autres, et celle des règles, dans une entreprise ?  Comment la réalité de l’hétéronomie, cette soumission aux lois, peut-elle se vivre dans une lutte fertile et créatrice avec l’exercice de l’autonomie ?  Dans nos apprentissages, nous avons bien été hétéronomes, nous avons bien intériorisé les règles et les influence de notre entourage, sinon nous serions fous. L’autonomie ne s’y oppose pas forcément : lois et liberté se convoquent, et se suscitent mutuellement. Bien loin de méconnaître les contraintes, l’idée d’autonomie permet d’élaborer un point de vue à partir duquel agir prend un sens. L’autonomie n’est pas une anarchie qui refuse toute loi.

Alors en entreprise, qu’est-ce que l’acte « juste » ? Comment le définir ? L’autonomie en entreprise est un véritable mode relationnel. Où ce qui unit le manager et son collaborateur réside dans la confiance. Confiance de l’intention : ni abandon de pouvoir (de la part du manager), ni abus de faire (de la part d’un collaborateur). Où la matrice de cette relation est une fois de plus l’information échangée. Donner de l’autonomie et prendre une autonomie, c’est vivre dans un échange constructif, où préside l’intention juste, et une morale pratique de la confiance.

« C’est dans la liberté que s’épanouit la spontanéité, sous la contrainte elle disparaît »[2]

L’autonomie, ce n’est pas moins de lien, c’est plus de lien…

 

[1] http://systemiks.com/index.php/2017/05/20/autonomie1/

[2] [1] Watzlawick Paul, Helmit Beavin Janet, Jackson Don, Une logique de la communication, Editions Points Essais

 

Share This