Pour être un bon manager, pour dynamiser votre carrière, pour améliorer votre employabilité, ayez une mentalité de migrant…

Dans un article publié en 2012 par La Harvard Business Review[1], Glenn Llopis[2] nous recommandait d’adopter une « mentalité de migrant » pour améliorer notre agilité de pensée, notre employabilité et la dynamique d’une carrière… De quoi parle-t-il ? Sur quoi se base-t-il ?

Les migrants ont été souvent soumis à des stress puissants, les obligeant à réinventer leur vie. C’est en se basant sur diverses études[3], souvent publiées par des think tank américains, que cet expert identifie plusieurs forces développées par des migrants ou enfants de migrants. C’est un point de vue. Une vision angélique ? Plutôt une analyse basée sur de multiples sociétés, notamment américaines, qui sont des exemples de réussite. Quelles sont ces forces ?

  • Rechercher les opportunités : comme un migrant, il convient de rechercher activement les possibles, partout où ils se trouvent. Rien n’est jamais offert à ceux qui arrivent, il leur faut ouvrir les yeux, souvent forcer le destin.
  • Rester alerte, anticiper, gérer le changement : les migrants ont traversé des circonstances qui augmentent leur capacité à accepter, anticiper, et opérer des changements. Et souvent ces changements ont été dramatiques dans leur vie. S’adapter est une condition même de leur survie.
  • Libérer ses passions : devant l’impossible, les migrants sont souvent des pionniers. Ils inventent pour réaliser leurs rêves, et ouvrent de nouvelles portes. Parfois quand tout est perdu, ne reste que le rêve …à réaliser.
  • Penser comme un entrepreneur : reconstruire un tissu social, refonder sa propre humanité est un mécanisme de survie nécessaire pour qui n’est attendu par personne. Réinventer, innover, s’adapter sont des verbes conjugués au quotidien pour qui entreprend de recommencer sa vie.
  • Travailler et vivre avec un esprit de générosité, de réciprocité : les études menées par le centre de recherche de Llopis ont montré que la solidarité est un ingrédient essentiel à la survie des migrants. Elle commence d’abord par la solidarité interne à la famille, la solidité intergénérationnelle, et devient souvent une valeur fondamentale inscrite dans la conscience des migrants : rendre ce qui vous a été donné, comme s’il fallait repayer une dette.
  • Construire pour le futur : de même, ses recherches ont montré que la solidarité exercée au sein de la famille et des proches dépasse largement ce premier cercle. Les liens les plus solides, y compris dans la sphère professionnelle, avec ses collaborateurs, ses fournisseurs, ses clients, se tissent lorsque les relations sont faites pour durer, dans une approche stratégique de long terme et de transmission.

Plus de 40% des sociétés listées dans le FORBES 500 en 2010 ont été fondées ou cofondées par des immigrants ou des enfants de migrants ; parmi celles-ci, Apple, IBM, Disney, Estée Lauder, McDonald, Google… et tant d’autres. Ces sociétés avaient généré cette même année des revenus cumulés de 4,2 trillion de dollars. On objectera que les exemples cités sont tous US, et que l’Amérique est un pays de migrants. Certes, l’étude est américaine. Mais l’exemple se décline, et la réalité est universelle. Objection rejetée votre honneur !

A reconsidérer ces conclusions, comment ne pas recommander à un manager, à un cadre en recherche de sens, à toute personne réfléchissant à sa vie professionnelle de rechercher les opportunités, rester alerte pour anticiper et gérer le changement, libérer ses passions, penser comme un entrepreneur, travailler avec générosité et solidarité, et construire pour le futur ?

Il est difficile de s’imaginer, sauf à l’avoir vécu, le défi d’adaptation posé à toute personne qui s’est exilée, pour une raison pour une autre. Mais il n’est pas difficile de les regarder faire mieux que survivre, pour arriver à vivre. Parfois oui ils demandent de l’aide, souvent ils s’en sortent. En travaillant et en innovant, ils s’écrivent un destin.

On peut citer Steve Jobs, fils d’un migrant syrien, adopté par une famille américaine, et fondateur d’Apple, mais on peut aussi parler de ceux, plus anonymes, qui ont tout réinventé. Je peux vous parler de Mirzeta, une jeune fille croate, titulaire d’un Master d’économie dans son pays, qui, après avoir quitté son pays en raison de l’horrible guerre que l’on sait, est devenue d’abord baby-sitter, puis vendeuse en boutique, pour finir responsable de magasin dans une grande enseigne. Glenn Llopis est lui fils de cubains.

Personne n’a jamais émigré sans une impérieuse raison. On ne naît pas immigré, on le devient.

Si nous inversons notre regard, les immigrés sont une figure symbolique de l’adaptation et du changement.

En ces temps troubles, puissent-ils aussi nous inspirer.

[1] https://hbr.org/2012/08/adopt-an-immigrant-mindset-to

[2] http://www.glennllopis.com

[3] Voir notamment : http://tocquevillefoundation.org et http://www.newamericaneconomy.org

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